
Chaque mois, SISTA organise des “Inclusive Hours” afin de permettre aux entrepreneures accompagnées d’échanger avec des investisseur·es sur des thématiques clefs. La dernière en date portrait sur un sujet ô combien important : garder le cap lors d’une levée. En effet, une levée n’est pas de tout repos et nécessite une grande implication. Cependant, il est également essentiel de rester concentré.e sur son projet et ne pas perdre de vue son objectif principal.
Comment conserver sa trajectoire et sa vision en pleine levée de fonds ? Qu’attendent les investisseur.e.s ? Quelle posture adopter ? Comment rester fidèle à sa vision entrepreneuriale ?
Autant de questions abordées avec Sophia Martin, Partner chez RAISE Ventures (fonds partenaire historique de SISTA), Simon Baldeyrou, CEO Getaround Europe et ex-CEO France Deezer et Ilham Guerriouni, Directrice financière Zenchef. Zoom sur leurs conseils phares à retenir, tout le long du cycle d’une levée.
#1 - Être capable d’être sur tous les fronts
L’idée ? Même si la levée doit rester la priorité, il est important de ne pas se laisser happer par cette seule finalité. Faire tourner son entreprise en parallèle est essentiel.
“La meilleure façon de réussir sa levée est de montrer que l’entreprise fonctionne. C’est un vrai défi pour les fondateur·trices solo qui doivent être capables de couper leur cerveau en deux : se concentrer sur l’opérationnel d’un côté et lever de l’autre” débute Simon Baldeyrou.
#2 - Être proactif·ve et réactif·ve au sujet des éléments communiqués avec les fonds
Tous les documents doivent être de qualité et suivis. Tout d’abord, il ne faut pas hésiter à passer beaucoup de temps sur la préparation de la data room au début. Pourquoi ? Car les metriques doivent être viables et réalisables mais aussi toujours d’actualité des mois voire 1 an après (les cycles de levées pouvant être très longs). Il convient donc de s’assurer que la ligne de conduite peut être gardée sur l’ensemble du processus ainsi qu’en aval (par exemple pour le pacte d’actionnaire).
“Le vrai intérêt du BP c’est de l’avoir construit de façon réfléchie et intelligente avec des hypothèses et des scénarios fondés. Il fait office de base et va être un cap pour les 3 prochaines années. Cela va permettre d’engager le débat avec les investisseur·es, non pas pour avoir le bon chiffre mais pour savoir et comprendre la vision du fondateur·trice ainsi que sa connaissance du marché” souligne Simon Baldeyrou.
Autre avantage à bien tout préparer en amont : ne pas faire attendre les investisseur·es après une discussion. “La levée de fonds est un exercice de séduction. Il faut donc être capable de dégainer vite. Faire attendre un·e VC une semaine pour une dataroom c’est envoyer un mauvais signal” poursuit-il.
Cette transparence et cette honnêteté vont participer à créer une relation de confiance essentielle pour la suite comme l’explique Sophia Martin : “La relation de confiance est la chose la plus précieuse. En tant qu’investisseur·e, on mise sur une équipe ou un·e entrepreneur·e et on le·la vend en interne, on y croit. Il faut bien avoir à l’esprit qu’un·e investisseur·e ou VC qui vous dira “oui” sera votre meilleur·e ambassadeur·drice. De mon côté, je préfère un·e entrepreneur·e qui me dit plus que ce qu’il·elle ne devrait et ça me permet d’anticiper plutôt que quelqu’un qui ne me dit rien.”
#3 - Faire preuve d’ambition
Sur ce point Ilham Guerriouni explique : “Les investisseur·es veulent des gens qui visent très loin. Il·elles ont besoin d’avoir des étoiles dans les yeux et de se dire “c’est la bonne personne, celle qui ne va pas s’arrêter en route, celle qui ne va pas s’arrêter après un cash out parce qu’elle a réussi.”
Elle raconte d’ailleurs qu’une fois, un VC lui a fait un retour sur une entreprise dans laquelle il ne voulait pas investir car le CEO avait “trop les pieds sur Terre”.
#4 - Ne pas oublier que son temps est précieux
“En tant qu’investisseur·e, on voit des entrepreneur·es qui ne souhaitent ouvrir la discussion que s’il y a un intérêt sincère de poursuivre le processus. Ils·elles restent focalisé·es sur leur entreprise pour ne pas perdre de temps. C’est bien vu et en plus, ça suscite l’envie” argumente Sophia Martin.
Comme elle le dit, c’est un bon moyen de créer du FOMO (Fear of Missing Out) autour de votre startup.
#5 - S’armer de patience
Lorsque l’on est entrepreneur·e et en pleine levée, il est parfois difficile de ne pas céder à la volonté de relancer. Mais les 3 intervenant·es sont unanimes : la patience est clef dans ces moments-là. En faisant attention à relancer avec modération, cela permet de susciter l’envie et laisse croire que vous êtes sollicité·e par beaucoup de monde. “La posture de FOMO fait souvent ses preuves” conclut Simon Baldeyrou.
Une dernière recommandation pour la route : entourez-vous d’expert·es (par exemple des entrepreneur·es déjà passé·es par là, des leveur·es, des avocat·es, d’autres VCs…) pour faire le plein de conseils durant vos levées. Cela vous sera d’une grande aide, notamment au moment des négociations finales et du “closing”.