Entrepreneur·es : 6 conseils pour gérer votre charge mentale

Depuis que le concept a été médiatisé, on entend de plus en plus parler de la charge mentale chez les salarié·es. En revanche, du côté des entrepreneur·es, le sujet du bien-être reste tabou. Pourquoi faut-il y faire attention ? Comment limiter la surchauffe et rendre son aventure entrepreneuriale aussi viable que possible sur le plan psychologique ? On fait le point avec Julia Néel-Biz, co-fondatrice de teale (la première plateforme de santé mentale holistique) et Thérèse Lemarchand, CEO et fondatrice de Mainpaces (une entreprise innovante de coaching exécutif).

Santé mentale et entrepreneuriat : l’un ne va pas sans l’autre

Sur LinkedIn, à la télé, dans les journaux… Nous sommes inondé·es d’histoires de fondateur·trices à succès qui vivent à 1000 à l’heure. À travers cette culture de performance généralisée, il est implicitement attendu d’eux·elles d’être en maîtrise à tout moment. Le problème ? On ne met jamais vraiment en avant leurs fragilités et le mal-être professionnel qu’il·elles peuvent également rencontrer. Résultat : cela pousse les entrepreneur·es à ranger leur bien-être au second plan. Et les conséquences peuvent être lourdes, pouvant même aller jusqu’au syndrôme d’épuisement professionnel. 

Comme le dit très bien Julia Néel-Biz, “l’entrepreneuriat est un véritable marathon, et cela demande de s’économiser pour être performant·e sur le long terme.” “La résilience, l’optimisme, la capacité à prendre des risques sont des qualités inhérentes aux entrepreneur·es. Mais il est très difficile de prendre des bonnes décisions ou d’évaluer correctement les risques quand on est en déficit de sommeil, en surcharge cognitive ou en phase de stress chronique. Prioriser sa santé mentale est un service que l’on se rend à soi-même mais également à son équipe et à sa boîte” poursuit-elle. 

Alors comment préserver votre énergie et trouver l’équilibre entre investissement et surmenage ? Par ici les conseils !

6 conseils pour apaiser votre charge mentale

#1 - Soyez à l’écoute des signaux de votre corps

Pour commencer, rien de mieux que de prendre du recul régulièrement sur votre santé mentale et physique. Il est essentiel de vous connaître et de reconnaître les signes qui disent “il faut ralentir”” témoigne Julia Néel-Biz. Fatigue, troubles de l’humeur, migraines, manque d’efficacité, perte de sourire… Voici par exemple quelques symptômes qui doivent vous mettre la puce à l’oreille (comme expliqué dans l’article teale).

Soyez également attentif·ves aux avis de personnes extérieures et neutres autour de vous lorsqu’elles vous disent que vous avez l’air fatigué·e.

#2 - Créez-vous des moments dédiés / des rituels / des zones de décompression

Il est important de vous accorder des moments de pause et de les soigner. Sport, méditation, lecture, poterie voire rien du tout… Peu importe, l’essentiel est de choisir une activité où vous n’avez pas d’obsession du résultat et de réussir à la caler au moins une fois par semaine. “Ces rituels ou ces moments pour soi sont essentiels car ils agissent de 2 manières : à la fois ils permettent de reposer le cerveau, et également de redévelopper votre énergie quand vous êtes dans le pur plaisir d’agir” précise Thérèse Lemarchand.

#3 - Identifiez les situations où vous sentez que vous perdez de l’énergie et travaillez-les

L’idée ? Être dans une posture d’apprentissage pour vous améliorer sur votre métier et vous sentir plus serein·e.

Selon Thérèse Lemarchand, “au fur et à mesure que notre entreprise évolue, on se rend compte que notre zone de confort change. Il y a des niveaux d’exigence où ce qui était possible à un moment donné (l’énergie nécessaire pour assurer une prise de parole, un board, ou la gestion d’une situation de conflit par ex.) n’est plus possible. Il faut donc apprendre, à la fois à gérer son stress, à se préparer et maîtriser ce qui nous semble difficile.” “Un peu comme le sport, tout cela n’est pas inné : il faut pratiquer et développer ses capacités pour savoir prendre du recul, renforcer sa résilience etc.” ajoute Julia Néel-Biz. 

Le coaching est un bon outil pour vous permettre de prendre de la hauteur, du recul, d’avoir du feedback, et d’aller vers des solutions qui sont meilleures pour vous.

#4 - Apprenez à visualiser positif

On a tendance à toujours projeter le pire, c’est un système automatique de protection. Sortir de ce prisme de pensée est essentiel pour aller de l’avant en tant qu’entrepreneur·e” témoigne Julia Néel-Biz. 

Les premiers passages a la télé, les premières prises de parole en public, un pitch de sa startup devant un fond d’investissement, des grosses décisions stratégiques à prendre et à annoncer à ses employés… Autant de moments difficiles dans la vie de fondateur·trices et qui demandent de projeter du positif

Pour y parvenir, les exercices de visualisation sont très efficaces et sont d’ailleurs couramment utilisés par les sportif·ves de haut niveau avant des compétitions. “Ce qu’il se passe c’est que le cerveau ne fait pas la différence entre une image réelle et une image projetée. Il va donc s’approprier le geste, ou le sentiment que vous visualisez en situation comme s’il était réel” relate Thérèse. Là aussi, certaines sciences cognitives et comportementales (par exemple la méditation de pleine conscience) avec l’aide d’un·e professionnel·le peuvent vous aider à adopter ce réflexe d’état d’esprit.

#5 - Évitez le "multitasking" et restez dans le moment présent au maximum

Comme la pensée “zapping” est très énergivore et augmente la charge mentale, il faut vous efforcer de ne pas faire plusieurs choses à la fois. Par exemple, ne lisez pas vos e-mails pendant une réunion en visio. Faire les choses l’une après l’autre est beaucoup plus efficace.

Du côté de Thérèse Lemarchand, c’est un point qu’elle a d’ailleurs beaucoup travaillé avec sa préparatrice mentale : “J’avais beaucoup de mal à couper le mental c’est-à-dire à sortir d’une action qui m’avait demandé un haut niveau de concentration, et à me rendre disponible à la suivante, ou à des personnes qui venaient me solliciter. Ensemble on a travaillé sur ce point pour qu’il ne soit plus handicapant.

#6 - Prenez soin de votre santé physique

Un esprit sain dans un corps sain” : un dicton bien connu et qui est tout aussi vrai dans le quotidien des entrepreneur·es.
Vous stimuler physiologiquement (pas forcément en faisant du sport intense mais surtout en étant en mouvement régulièrement) tout en mangeant sainement est primordial pour évacuer les tensions et avoir une routine équilibrée. 

Les interactions corps-mental sont permanentes, et la représentation du corps intervient dans toutes les prises de décision, tout simplement pour une question de survie. Plus vous développez une relation au corps saine, équilibrée, confiante, rassemblée, plus votre capacité à vous accomplir dans tous les segments de votre vie va grandir” argumente Thérèse Lemarchand. 

Comment faire quand on a l’impression que son associé·e est en train de faire un burn out ?

Ce qui peut être compliqué dans ces situations en tant qu’associé·e, c’est de se faire entendre. En effet, comme vous faites partie de son environnement proche et quotidien, il peut y avoir d’autres enjeux (de compétition, de pouvoir, de place, de représentation…) qui viennent interférer dans sa tête avec la sincérité de votre parole. Pourtant il faut agir au plus vite car cela demande des mois voire des années de se remettre d’un burn-out.

Alors comment créer un déclic ? Grâce à l’aide d’un tiers, comme par exemple un médecin, pour commencer. En effet, souvent vu comme une figure d’autorité, il·elle pourra faire prendre conscience à votre associé·e qu’il y a quelque chose qui ne va pas.  “Nous avons régulièrement chez Mainpaces des personnes qui arrivent en limite de burn-out, et ce sont leurs amis qui les recommandent” conclut d’ailleurs Thérèse Lemarchand.

Ce que tout cela montre ? Dans ces moments, avoir un soutien solide (famille, ami·es, partenaire, collègue…) est essentiel. Pensez donc à entretenir ces relations au quotidien !